Page:Gobineau - Nouvelles asiatiques 1876.djvu/375

Cette page a été validée par deux contributeurs.

même il lui serait permis de les placer sous l’auguste protection, en exprimant par ses paroles que, dans sa conviction intime, ils y seraient tout-à-fait à l’aise et en sûreté. Un messager avait alors été envoyé à la demeure du favori. Il revint au moment où le chef de police finissait le récit de ce qui se passait dans la ville, pour déclarer que tout le monde s’était enfui, Akbar, Mohsèn et Djemylèh, et qu’on ne savait où ils étaient allés.

Abdoullah-Khan ne laissa pas à son maître le loisir de s’emporter. Il prit gravement la parole :

— Certainement, mon insolent de fils (que la malédiction de Dieu soit sur lui !) aura sottement craint le déshonneur de sa maison et, sans attendre l’effet des bontés de Votre Altesse, il aura emmené avec lui les deux scélérats. Heureusement, je sais où les reprendre. Ils sont dans ma tour de Roudbàr, à quatre heures d’ici, dans les montagnes.

Puis, tirant son anneau de son doigt et le remettant au chef de police :

— Envoyez, dit-il, tout de suite, quelques messagers avec mon écuyer, que vous trouverez en bas. On remettra cet anneau à mon fils Akbar, et je vais écrire l’ordre de délivrer les prisonniers à vos gens. De cette manière, le mal sera réparé et la ville retrouvera son repos.

Abdoullah-Khan parlait d’un ton si net, si précis, que l’indignation ne trouva pas sujet de se répandre.