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vant elle ; mais les jeunes femmes prirent Djémylèh dans leurs bras avec passion, et Akbar fut le premier à saluer Mohsèn de cette façon aisée et grande, privilège des hommes d’élite de sa nation. Le jeune Ahmedzyy lui rendit son salut avec déférence comme à un frère aîné et sortit avec lui, après s’être incliné devant les habitantes du harem, où les convenances les plus strictes ne lui permettaient plus de rester, du moment qu’il avait obtenu ce qu’il souhaitait.

Akbar conduisit aussitôt son nouvel ami dans une des chambres du palais, où il fit apporter des kaliâns et du thé, et répéta à Mohsèn qu’il devait se considérer comme dans sa propre demeure et disposer librement de ce qui était autour de lui. Mais le cérémonial même auquel le jeune Mouradzyy se conformait avec une sorte de précision et de pompe montrait assez qu’il remplissait un devoir et se piquait de le remplir dans toute son étendue, plutôt qu’il n’obéissait à un mouvement spontané. Mohsèn non-seulement le comprit ainsi ; mais, comme il partageait les sentiments de son hôte à cet égard, il ne lui fut pas difficile de répondre à de telles avances par des démonstrations de reconnaissance fièrement exprimées, et de bien faire sentir à son tour que la nécessité la plus pressante avait pu seule le contraindre à solliciter un appui que, pour lui seul, il n’eût jamais recherché. Ainsi, le protecteur et l’obligé, au milieu de démons-