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la ressource de nous serrer les uns contre les autres pour essayer de nous rappeler un peu ce que c’était que la chaleur. Pourtant vers le matin, le ciel s’éclaircit. Il faisait froid. Nous nous attendions à être attaqués. Le lieutenant se trouva mort.

Vers midi seulement les Turkomans parurent, mais ils restèrent assez loin ; le soir ils s’enhardirent et vinrent à portée de mousquet, tourner autour du retranchement. Puis ils se retirèrent.

La nuit nous emporta encore du monde. En définitive, nous n’étions plus que quatre cents, et personne ne nous commandait. Mais nous savions ce qu’il fallait faire, et, en cas d’attaque, nous serions encore tombés à la baïonnette sur les impies. Pourtant nous étions très-affaiblis tous.

C’était à peu près vers l’heure de la prière de l’asr et le soleil penchait sur l’horizon, quand au loin, nous vîmes arriver les bandes turkomanes, en plus grand nombre que les jours précédents. Chacun se leva comme il put et prit son fusil. Mais à notre grand étonnement, toute cette multitude s’arrêta à une longue distance de nous, et quatre ou cinq cavaliers, seulement, se détachant du gros de leurs camarades, s’avancèrent vers nous, en nous faisant des signes d’amitié et indiquant de leur mieux qu’ils désiraient nous parler.

Plusieurs des nôtres étaient d’avis de sortir brusquement et d’aller leur couper la tête ; mais à quoi bon ?