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de ces pillards maudits s’avança vers nous, notre troupe se pelotonna rapidement et nous fîmes feu en effet, et nous rechargeâmes, et nous fîmes feu une seconde fois, et une troisième fois, et une quatrième fois. Par les saints Imams ! nous vîmes tomber quelques-uns de ces hérétiques, de ces chiens maudits, de ces partisans d’Aboubeckr, d’Omar et d’Osman ; puissent ces monstres brûler éternellement dans l’enfer ! nous les vîmes tomber, vous dis-je, et cela nous donna un tel entrain que, sur le commandement du vékyl et sans nous disjoindre, nous partîmes d’un mouvement en avant, pour aller chercher cet ennemi qui s’était arrêté et ne venait pas à nous. Après un moment d’hésitation, il recula et s’enfuit. Pendant ce temps, les autres bandes turkomanes continuaient à donner la chasse aux fuyards, a les ramasser, à en tuer quelques-uns, à battre les autres, à emmener ce qui pouvait marcher. Nous poussâmes des cris de triomphe : Allah ! Allah ! ya Aly ! ya Hassan ! ya Houssein ! Nous étions au comble de la joie ; nous étions délivrés et nous n’avions peur de rien.

Au fond, nous étions parfaitement heureux. Sur cinquante environ que nous étions, nous avions éprouvé que trente de nos fusils étaient en état de servir. Le mien, je ne dis pas ; d’abord, il n’avait pas de chien et, ensuite, le canon était fendu. Mais c’était pourtant une bonne arme, comme je l’éprouvai par la suite ; j’avais attaché la baïonnette qui n’avait pas de