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les autorités des lieux où elle passe. C’est pour ce motif que, lorsqu’elle ne possède pas un mari, elle en prend un pour cette circonstance. Il est bien entendu que l’heureux mortel ne représente rien de plus qu’un majordome plus autorisé. Qui voudrait y voir davantage ? Gambèr-Ali-Khan était un homme important ; bref, il partit avec les Délices du Pouvoir et celle-ci, arrivée à Bagdad, fut si satisfaite de sa probité et de sa façon de tenir les comptes, qu’elle l’épousa pour tout de bon, et il est charitable de penser qu’elle n’eût jamais sujet de s’en repentir. C’est ce qu’affirmait, du reste, Bibi-Djanèm.

L’histoire finit ici : elle a souvent été racontée avec des variantes par l’admirable et profond astrologue dont il a été question au commencement. Il la citait comme une preuve sans réplique de la solidité de son art. N’avait-il pas prédit, au jour de la naissance de Gambèr-Aly, que ce nourrisson serait premier ministre ? Il ne l’est pas encore, sans doute ; mais pourquoi ne le deviendrait-il pas ?