Page:Gobineau - Nouvelles asiatiques 1876.djvu/232

Cette page a été validée par deux contributeurs.

qui le forcèrent à rougir et lui adressèrent des recommandations et des conseils dont il pensait n’avoir pas besoin. Mais, en somme, il fut enchanté de sa popularité. Il avait raison de l’être, ce qui prouve bien, soit dit en passant, pour faire plaisir aux gens qui veulent un sens moral à chaque histoire, que le vrai mérite finit toujours par obtenir sa récompense.

Tout doit porter à penser que Gambèr-Aly développa des qualités supérieures dans son métier d’intendant, car on le vit graduellement passer d’un état de richesse relative à une opulence évidente. Un an ne s’était pas écoulé qu’il ne montait plus que des chevaux de prix ; il avait aux doigts des rubis, des saphirs, des diamants de la plus belle eau. Arrivait-il chez les principaux joailliers quelque perle d’une valeur peu ordinaire, on se hâtait de l’en avertir et il était rare qu’il ne devint l’heureux acquéreur du trésor. Les affaires de l’ancien gouverneur de Shyraz ayant mal tourné, le ferrash-bachi et Assad-Oullah-Bey se trouvèrent sans emploi. Ce ne fut pas pour longtemps ; Gambèr-Aly, devenu Gambèr-Aly-Khan, les prit à son service et il se déclara très-satisfait de leur zèle.

Aussitôt qu’il s’était vu dans une position heureuse, il n’avait pas tardé à faire venir ses parents. Malheureusement son père mourut au moment de se mettre en route. Le désespoir de Bibi-Djanèm éclata et renversa toutes les bornes ; elle se déchira le visage avec un tel emportement et poussa sur la tombe du défunt