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Sultan, petit-fils de Sultan apparut, et s’approcha du reliquaire. On étendit un tapis de prière sous ses pieds augustes, et le maître de l’État commença à exécuter un certain nombre de rikâats, d’inclinations et de génuflexions, accompagnées d’oraisons jaculatoires, telles que sa piété, la situation de ses affaires personnelles et la disposition du moment les lui suggéraient.

Mais, au milieu du tapage, qui ne se ralentissait pas, si absorbé que fût le prince par ses exercices de dévotion, il n’était pas possible qu’il n’aperçût les deux faces blêmes remparées sous la protection du Saint, à l’intervention duquel lui-même avait recours. Le premier, Moussa-Riza, il le connaissait et ne se mêlait pas de son affaire ; le second lui était tout-à-fait nouveau ; sa jolie figure, sa pâleur, sa détresse évidente, sa jeunesse l’intéressèrent, et, quand il eut terminé, à son gré, ses prières, il demanda au gardien de la mosquée quel était cet homme et pour quelle cause il se tenait ainsi contre le tombeau de l’Imam.

Le gardien de la mosquée, de sa nature très-pitoyable, exposa au Roi l’aventure de Gambèr-Aly de la façon la plus propre à exciter sa commisération. Il y réussit sans peine, et La Haute Présence dit au pauvre diable :

— Allons, au nom de Dieu ! lève-toi et pars ! Il ne te sera rien fait !

C’en était assez, sans doute, et Gambèr-Aly aurait