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jour même, à Shah-Abdoulazym. En conséquence, on nettoyait un peu, on époussetait légèrement et on étendait des tapis. La population du bourg était en l’air. Moussa-Riza communiqua à son camarade une idée fort juste : c’était de prendre garde d’être enlevés par leurs persécuteurs à la faveur du tumulte qui, certainement, accompagnerait l’entrée, le séjour, et la sortie de Sa Très-Haute Présence le Roi des Rois. Le fils de Bibi-Djanèm trouva cette observation raisonnable, et, à dater du moment où elle s’empara de son esprit, il se colla tout vif contre la pierre du tombeau et n’en sépara ses épaules que pour y rapporter sa poitrine. Sur ces entrefaites, le tapage devint épouvantable au dehors. Le bruit des petits canons montés à dos de chameau retentit de toutes parts. On entendit naître au loin, puis croître, puis éclater les hautbois et les tambourins, composant la musique de cette artillerie, appelée zambourèk ; une foule de ferrashs royaux et de coureurs en tuniques rouges et en grands et hauts chapeaux ornés de pailleteries, se précipita dans la mosquée. À leur suite entrèrent, d’un pas moins pressé, les ghoulâms ou cavaliers nobles, décorés de chaînes d’argent, le fusil sur l’épaule, et les domestiques supérieurs, et les aides de camp, et les seigneurs de l’Intimité, les mogerrèbs-oul-hezrèt, ceux qui approchent la Présence, et les mogerrèbs-oul-khaghân, ceux qui approchent du Souverain, et, enfin, le Souverain lui-même, Nasr-Eddin Shah, le Kadjâr, fils de