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— Mon fils, lui dit son supérieur, tu as fait ton possible, mais le destin était contre nous !

Après cette affaire, la faveur de Gambèr-Aly s’accrut encore et il fut considéré comme la perle de la maison du prince. On le chargeait de toutes les commissions ; il y trouvait ses intérêts, et bien que, en général, il ne réussît pas complètement au gré de ceux qui l’employaient, sa candeur était si grande et sa figure si sincère, qu’on ne pouvait s’en prendre à lui du malheur des circonstances. Sur ces entrefaites, les préparatifs de départ étant achevés, le prince donna l’ordre de se mettre en chemin.

En tête du convoi marchaient des cavaliers armés de longues lances, des soldats, des hommes d’écurie conduisant des chevaux de main, puis des bagages, les écuyers du prince, les principaux officiers de sa maison, enfin le prince lui-même, sur un magnifique cheval, et toutes les autorités de la ville et leurs suites, qui devaient l’accompagner jusqu’à une lieue et demie de Shyraz, puis encore des bagages et d’autres soldats, et d’autres ferrashs, et des muletiers en foule. Sur une route parallèle, suivait le harem, les dames, enfermées dans des takht-è-réwans ou litières, portées devant et derrière par un mulet, admirable invention, soit dit par parenthèse, pour procurer une idée exacte du mal de mer le mieux conditionné ; les servantes étaient dans des kédjavêhs, sortes de paniers placés à droite et à gauche d’une monture