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jambes depuis le haut de la cuisse jusqu’au-dessous du genou, et, s’étant ainsi incliné, autant que la chose était possible, sans donner du nez en terre, il se redressa, cacha ses doigts dans sa ceinture, et attendit modestement et les yeux baissés qu’on lui fit l’honneur de lui adresser la parole.

Le Ferrash-Bachi passa la main sur sa barbe d’un air approbateur, et, par un coup d’œil gracieux, avertit Assad-Oullah de sa satisfaction. Celui-ci s’empressa de dire :

— Le jeune homme a du mérite, il est rempli d’honnêteté et de discrétion ; je puis le jurer sur la tête de Votre Excellence. Je sais qu’il recherche les gens convenables et fuit la mauvaise compagnie ! Votre Excellence le couvrira, certainement, de son inépuisable bonté. Il fera tout au monde pour la satisfaire et nous en sommes expressément convenus.

— C’est au mieux, répondit le Ferrash-Bachi, mais, avant de conclure, j’ai une question à adresser en particulier à ce digne jeune homme.

Il prit Gambèr-Aly à part et lui dit :

— Le seigneur Assad-Oullah se conduit avec vous comme un père. Mais, avouez-le moi, combien lui avez-vous offert ?

— Que votre bonté ne diminue pas, dit ingénument Gambèr-Aly, je ne me permettrais pas d’offrir un cadeau à n’importe qui, alors que ma misérable fortune m’oblige à attendre, en comptant les jours, jusqu’à ce