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remuaient encore. Ses camarades, éveillés par ses cris, riaient, et, unis à lui par ce fil qui joint les amis et les alpinistes, ils se précipitèrent après nous.

Que vous dire encore ? C’est au moment où Billy m’annonça le déjeuner que j’éprouvai pour lui le même sentiment que pour Jack. Même désir de le toucher, de l’embrasser. Même amour pour ses parents et sa famille, même sympathie intarissable pour le moindre de ses gestes, dévouement pour ses vertus. J’étouffais sous ma main des paroles que tous trois croyaient encore des aveux à Jack, mais qui étaient bel et bien des hymnes à Billy. C’est vers Billy, dos à Jack, que je me tournai pendant la sieste. Je m’attaquai à son sommeil de jour comme au sommeil de nuit de Jack. De la même épine, de la même caresse, sans voir cette fois son visage, malgré le soleil, car il l’avait recouvert d’un foulard. Mais c’était bien en moi le même désir, ressenti avec Jack la nuit, que Billy ait une sœur, une maison. Le même, exactement, de voyager à ses côtés, de voir Billy en silhouette sur un volcan jetant des flammes ; de voir, la main de Billy dans ma main, de