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CHAPITRE DIXIÈME

J’avais été réveillée brusquement, mais par quoi ? Par un rêve ? ou plutôt, pendant la dernière seconde de mon sommeil, le canon n’avait-il pas tonné, un projecteur ne m’avait-il pas illuminée ? Je scrutais à la fois, pour découvrir la cause de ce sursaut, mon esprit, mon corps et l’horizon. Je tâtonnais dans l’île obscure, appuyant sur les plus sensibles de mes oiseaux, cognant aux arbres creux, appelant l’écho, comme dans un salon où l’on cherche le bouton électrique. J’obtins seulement que le soleil se levât. Du fond de ma grotte enfin, comme celui qui a perdu sa bague, qui s’est replacé, après avoir retourné la maison entière, sur la dernière chaise où il l’avait encore, raisonne, se lève, et va droit au bon tiroir, je m’élançai, je grimpai au cocotier le plus proche,