Page:Giraudoux - Amphitryon 38, 33e édition.djvu/191

Cette page n’a pas encore été corrigée

mon cœur de mille caresses inconnues.

ALCMÈNE. — Mille caresses inconnues ? On peut savoir ?

AMPHITRYON. — Je sentais bien que j’avais un nouveau secret à dire à ce visage où je n’aurai pas vu une ride, à ces yeux où je n’aurai pas vu une larme, à ces cils dont pas un seul ne sera tombé, même pour me permettre de faire un vœu ! C’était un adieu.

ALCMÈNE. — Ne détaille pas, chéri. Toutes les parts de mon corps que tu ne nommeras point souffriront de partir négligées vers la mort.

AMPHITRYON. — Tu crois vraiment que la mort s’apprête pour nous ?

ALCMÈNE. — Non ! Jupiter ne nous tuera pas. Pour se venger de notre refus, il nous changera bien plutôt d’espèce ; il nous retirera tout goût et toute joie commune, il fera de nous des êtres différents, un de ces couples célèbres