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Un cri s’échappa de tous les cœurs ; ce n’était pas un cri de découragement et de désespoir. On s’occupa aussitôt à organiser du secours, chacun ne songea qu’à affronter tous les dangers du sauvetage pour arracher les malheureux naufragés à la mort.

Alors s’engagea une lutte acharnée, héroïque, sublime entre les marins réunis sur la plage et cette mer furieuse bondissant sous le déchaînement de la tourmente ; ni la violence du vent, ni l’énormité des lames qui venaient ébranler la jetée sous leur choc, ne purent intimider leur dévouement. Quatre fois les canots élancés au milieu de cette mer furieuse attaquèrent ses lames convulsives, franchirent leurs sombres gonflements sans pouvoir atteindre la pauvre embarcation ; quatre fois elles furent rejetées à la côte.

À trois heures de l’après-midi, la coque de la goëlette disparut sous les flots que dominèrent seuls ses mâts sur les hunes desquels s’étaient réfugiés deux malheureux : l’effroi et la pitié n’en devinrent que plus profonds, on ne songea qu’à tenter de nouveaux efforts pour arracher au moins à l’ouragan ses deux dernières victimes.