Page:Girard - Mosaïque, 1902.djvu/201

Cette page a été validée par deux contributeurs.
203
LE SPHINX

— Bien simple ! brrrr…

— Vous direz à votre femme que vous ne pourriez la laisser partir pour si longtemps, que vous vous ennuieriez à la mort, que vous l’aimez trop.

— Elle ne me croira pas.

— Enfin, je ne puis toujours pas m’emprisonner sous les jupons de ma belle-mère, durant mon voyage de noces !

— C’est impossible.

— Littéralement impossible.

Tout à coup, dans un sublime mouvement, M. Legris serra la main de son gendre en disant, avec un tremblement dans la voix :

— Dussé-je être anéanti, je le ferai.


Séparateur


Il fut anéanti.

Madame Legris, aux premières paroles que lui dit son mari, en opposition au rêve qu’elle avait caressé, fit une scène terrible, tellement que le pauvre homme fut bien près de se jeter à genoux et de demander humblement pardon.

Il fut tout étourdi par la longue kyrielle d’invectives, qui lui tomba sur la tête comme une pluie de grêlons.

— Ah ! chenapan, idiot, misérable, chacal, ladre, crétin, tu veux, comme ça, me mettre des bâtons dans les roues. Si tu n’avais pas été si avare de tes sous, crois-tu que j’aurais parlé de les accompagner