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aux persécutions ? Loin de fuir, il se rendit à Si-Ling-Hien même ; ce fut là qu’il fût saisi et conduit devant le mandarin. Interrogé sur la doctrine qu’il prêchait au peuple, le généreux apôtre confessa sa foi avec une telle ardeur, que le juge se hâta d’étouffer cette éloquente protestation sous des questions portant sur ses richesses et sur ses sortilèges. Le Révérend Père, imitant alors son divin Maître devant Hérode, n’opposa à ces imputations que son silence. Le juge irrité lui fit frapper cent coups d’une semelle de cuir sur le visage. Sous ces coups appliqués par la main du bourreau, les dents de l’apôtre sautèrent de sa mâchoire brisée.

Ce n’était que la première épreuve des tortures à travers lesquelles il devait arriver à la mort. Dépouillé de ses vêtements et couché sur le sol, il reçut trois cent coups de rotin sur le dos, dont les chairs broyées ne formaient plus à la fin qu’une plaie. Pas un soupir… pas une plainte n’échappa de ses lèvres. Le mandarin, étonné d’abord, ne vit bientôt après dans cette constance héroïque qu’une preuve du pouvoir magique de sa victime. Un chien fut égorgé par ses ordres, et, pour rompre la puissance des sortilèges du patient, il fit arroser son corps avec ce sang encore chaud. La flagellation recommença avec plus de violence. Cette fois, on