Page:Girard - Martyre du R. P. Chapedelaine, paru dans Le Monde illustré, 27 février 1858.djvu/5

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Martyre du R. P. Chapedelaine et de ses compagnons


À l’extrémité de la longue et sinueuse rue du Bac, au fond d’un préau qu’égayent quelques arbustes, dans un bâtiment spacieux dont un collège de jeunes lévites avive la paisible solitude, existe un… que dirai-je ?… une chambre de question ?… non ; un musée… mais un musée sans précédent, un musée unique : ce sont des haches, des casse-tête, des poignards, des glaives de toutes grandeurs et de toutes formes, des lames droites, courbes, barbelées, ondoyantes comme des flammes, tordues comme des spirales, des fers à cautérisation des formes le plus bizarrement horribles, des cangues écrasantes, des entraves, des carcans, des rotins, des fouets, des tenailles hideuses, des chaînes énormes dont la rouille ensanglantée accuse éloquemment l’emploi sinistre… que sais-je ? tous les instruments de torture et de supplice qu’a jamais pu inventer la rage des persécuteurs et des bourreaux.

Cette galerie, nous pourrions dire ce sanctuaire, est le reliquaire du martyre auquel se prépare, par l’étude de la science et par la pratique de la vertu, cette jeunesse calme et sereine qu’attendent les austères et glorieux devoirs de l’apostolat.