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FLORENCE

tromper les regards les mieux exercés. De la comédie, encore de la comédie, toujours de la comédie !

Florence était modeste, non de cette modestie qui veut que l’on ignore ses qualités et ses charmes, mais les fait supporter, aimer même par ceux qui nous entourent. Trop souvent, hélas ! ils sont un objet de mépris et d’envie.

Aussi, reconnaissait-elle sans peine qu’elle serait la proie des fêtes mondaines. On la flatterait, on l’adulerait, on l’accablerait de paroles mielleuses, antipodes des sentiments retranchés derrière les replis impénétrables du cœur.

Un sourire de mépris erre sur ses lèvres, qui se plissent en une moue dédaigneuse. Ce sourire fait bientôt place à un sourire singulier.

Une image, entourée de l’auréole de l’amour, vient de surgir dans sa pensée. De peur de la voir s’évanouir, elle ferme les yeux. Elle revoit ce jeune homme. Ne lui avait-il pas rappelé, la veille, ces hommes tant vantés de l’histoire qui, à la taille et à la beauté d’un héros, joignaient la délicatesse et la grâce d’une femme ? Le reverrait-elle jamais celui qui, du premier coup, avait enchaîné son cœur, comme ces sites admirables de la nature qui, dès qu’on les a vus une fois, nous transportent d’admiration et laissent en nos âmes un souvenir ineffaçable ? Et n’en venait-elle pas même à regretter la discrétion de cet homme qui lui avait caché un nom qu’elle eût redit cent fois avec amour et reconnaissance ?

— Eh bien ! ma fille, ne dirait-on pas que tu attends ta sentence ? Par Crésus ! tu n’as pas l’air d’une fille