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FLORENCE

Quel est l’idéal du mariage ? Quel est le mariage que les âmes nobles, grandes, élevées, recherchent avec l’acharnement du mineur qui, dédaignant plusieurs pépites d’or de peu de valeur se rencontrant sur son passage, franchit, s’il le faut, les ravins les plus profonds et les plus terrifiants, descend les pics les plus abrupts pour aller recueillir dans le lit desséché d’un ruisseau le monceau d’or enfoui là depuis des siècles ?

Un homme qui a du cœur, un idéal, ne se marie pas pour de l’argent. Non ; s’il se marie, c’est qu’il sent que son âme a besoin de s’épancher dans une autre âme, dans une âme qui sache le comprendre. C’est qu’il veut mettre sa main dans une main qui sache presser la sienne dans le succès, et qui, dans les revers, sache y laisser tomber des larmes de femme. Larmes qui ont pour les blessures faites au cœur de l’homme le même effet que le baume versé sur une plaie béante. Car Dieu a donné l’éloquence et le courage à l’homme, la force au lion, des serres et un bec redoutables à l’aigle, l’agilité au coursier des landes sauvages. À la femme pour se défendre ou pour consoler, il a donné les larmes.

Mais comment un homme pourra-t-il s’épancher dans un cœur qui ne le comprend pas ? Comment lui parler de ses projets de gloire, d’actes de vertu, si la femme ne peut que lui répondre :

— Me conduiras-tu au théâtre ce soir, au bal ? — Quand m’achèteras-tu un chapeau neuf ? — Tu es trop honnête. Tu ne gagnes pas assez d’argent.

Que l’homme donc qui comprend ce que peut une femme dans sa destinée, recherche avant tout une