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FLORENCE

Sur ses lèvres demi-closes semblait naître une prière au ciel ou un serment d’amour.

Le visage d’Hubert était beau avec le froncement de ses sourcils. Une nouvelle malédiction, à l’adresse des Anglais, avait expiré sur ses lèvres. Les Anglais qui avaient déraciné cette fleur à peine éclose, au moment où il allait la transplanter à l’ombre d’une félicité pleine de délirants mystères.

Près des dépouilles, on avait placé un guéridon. Deux cierges nacrés achevaient de se consumer. Dans une soucoupe remplie d’eau bénite, trempait un rameau de buis. Devant une madone en plâtre, un lampion projetait des reflets de lapis-lazuli. Alice, à genoux aux pieds d’Hubert, arrosait le lit de ses larmes. Ses yeux étaient rougis et gonflés par la nuit qu’elle avait passée à prier et à pleurer.

Le notaire implora au milieu de ses sanglots : « Florence ! Florence ! »

Et il murmura des paroles inintelligibles. Il pressa la tête de son enfant contre sa poitrine et égrena sur son front, froid comme une urne sépulcrale, des baisers embrasés.

Témoins de cette grande douleur, les assistants ne permirent pas qu’elle se prolongeât plus longtemps. Ils détachèrent le père de la fille.

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Le cortège funèbre défilait lentement, silencieusement sur la grande route lactée, pierreuse, muette.

Il neigeait.

Sans doute que les anges pleuraient là-haut. Leurs larmes, d’une pureté séraphique, se cristallisaient, se