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SOUVENIRS


Forsan et haec olim meminisse juvabit.
Virgile. (Énéide, I,)


Sans que l’oubli jamais ne puisse l’en chasser,
Une humble enfant des champs habite dans mon âme,
Bien qu’elle fut pour moi capricieuse femme,
Et que sur son chemin je n’ai fait que passer.

Un autre grave amour dont jamais nulle absence
Éteint en l’âtre chaud de mon cœur les tisons,
C’est, un riant village aux paisibles maisons
Où, j’ai coulé les jours heureux de mon enfance.

Et ces deux souvenirs d’un lointain horizon,
Pour toujours sont blottis tout au fond de moi-même,
Car, quoique mon hameau m’est touchant à l’extrême,
Je sens que cette enfant de mon cœur a raison !

C’est pourquoi, j’ai rêvé d’en faire ce poème
Dolent, mélancolique et triste comme un pleur,
Afin qu’au livre ancien du Passé, la Douleur
Ne puisse en détacher la page que l’on aime !