Peruzzi, des Rucellai ; chacune rivalisait à qui aménagerait la sienne, à qui l’embellirait et l’ornerait le mieux. De là le caractère extraordinairement intime, individuel, qui rend toujours nouvelles ces églises charmantes. De là, dans la décoration, une source inépuisable de chefs-d’œuvre. Peintures, sculptures, fresques et tableaux allaient s’épanouir dans la paix de ces temples et y perpétuer le rêve des défunts.
Ainsi, par la tendresse des foules, ces sanctuaires de la pauvreté devinrent les plus beaux musées de la terre : l’art, une fois de plus, allait fleurir des tombes. C’est ce qu’exprime très bien le dominicain Barthélémy de Bragance dans le sermon qu’il prononça en 1267 à la translation des restes de saint Dominique dans la châsse fameuse commencée par Frà Guglielmo et terminée par Michel-Ange. Il prit sa division des trois sarcophages successifs qui avaient contenu la relique, et prêcha sur ce texte : « Bénédiction et gloire au Seigneur pour le lieu de l’abondance et de la paix ». Voici les trois points de son discours :
Bénédiction du parfum, pour le premier tombeau de briques, à l’ouverture duquel s’exhala un arôme de myrrhe et d’aromates : Benedictio odoris.
Bénédiction de la puissance, pour le tombeau de pierre brute : Benedictio vigoris.
Et pour le merveilleux tombeau de marbre enrichi de sculptures et fouillé de bas-reliefs, la dernière bénédiction : Benedictio decoris, manifestée par la perfection du travail et par un monde de fines figures.
Nous verrons la prochaine fois comment les églises des Mendiants reçurent, elles aussi, la « bénédiction de la Beauté ».