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Orientée contrairement aux habitudes, la basilique présente sa façade au levant, et offre à l’occident les verrières de son chœur. La même composition se répète à chaque étage : croix latine à une seule nef, à quatre croisées d’ogives, avec cette différence que le chœur, en bas, est circulaire et voûté en cul-de-four, tandis que celui d’en haut, plus dégagé, plus svelte, présente un plan hexagonal et est voûté sur branches d’ogives. L’extérieur est très simple, tout uni, presque nu ; en dehors des portes et façades, et exception faite du joli porche de style Renaissance, ajouté par Sixte IV et par où on accède à l’église inférieure, — pas un morceau un peu fleuri, pas un rinceau, pas une corniche ou un tympan sculpté : rien pour rompre et pour égayer la monotonie des grandes lignes. Il est vrai que la situation est par elle-même fort pittoresque et que la basilique, avec son cloître, son campanile, l’imprévu de son port, de ses perspectives et de ses terrasses, se montre sous un angle assez capricieux pour n’avoir pas besoin d’un surcroît de fantaisie et de variété. La nature se chargeait des trois quarts de l’effet.

Quant à l’intérieur, toute la force expressive en repose sur un contraste : un même thème est repris sur deux modes divers. En bas, quatre éléments de voûte montés sur des cintres puissants, de larges arcs bandés comme pour soutenir un monde ; ils retombent sur des fûts de piliers engagés, aux demi-cylindres trapus, aux chapiteaux bas, déprimés, comme écrasés ; la lumière rare, incertaine, glisse par des fenêtres parcimonieusement ménagées, à l’air de soupiraux, et d’où filtre un jour fugitif, douteux, crépusculaire.

En haut, c’est le même motif, mais comme transfiguré : au lieu de se courber, tout se redresse ; au lieu de ployer, tout monte ; au lieu de la pénombre, la lumière. Une nappe de jour inonde les verrières du