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A-t-il eu un inspirateur, un collaborateur ? A-t-il obéi à quelqu’un ? Pour M. Sabatier, il n’y a aucun doute : le choix de l’emplacement sur un éperon de roches, au confluent de deux vallées, la silhouette dominatrice, l’autorité de la construction, l’unité du travail, la fierté des idées, tout révèle la résolution et la poigne d’Élie. Il paraît qu’il avait plus d’une corde à son arc. On lui prête des talents d’ingénieur militaire. Il aurait fait plus tard, en Sicile, pour Frédéric II, des travaux d’art et des ouvrages de fortification. Cet homme, le mauvais génie de l’ordre, à en croire les chroniqueurs, le général désarçonné par un pronunciamiento des frères révoltés, aurait donc eu l’honneur d’élever à la gloire du maître le mausolée où reposent ses cendres, et d’où son âme rayonne encore sur le monde. C’est lui qui aurait conçu ce monument d’apothéose.

La basilique d’Assise est une église double, c’est-à-dire que, par une circonstance assez rare, elle est formée de deux églises superposées et se chevauchant l’une l’autre. C’est une disposition dont on ne connaît guère qu’un exemple antérieur, au célèbre couvent bénédictin, le Sagro Speco de Subiaco ; la Sainte-Chapelle du Palais, bâtie un peu après Assise, peut vous en donner une idée. Ces deux nefs hardiment juchées sur les reins l’une de l’autre, l’une sombre, surbaissée, pesante, la seconde au contraire toute essor et clarté, ont frappé vivement l’imagination. Selon une tradition, saint François aurait désigné lui-même l’emplacement de son tombeau, en dehors de la ville, dans un endroit désert, lugubre et mal famé, qui servait de terrain d’exécution et de fosse aux criminels : on l’appelait pour cette raison la colline infernale. Mais quand les restes bénis y furent

    M. Giusta : Du véritable architecte de la basilique d’Assise. Cf. Lempp, loc. cit.