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1253, mais le gros œuvre était achevé en 1239, puisqu’à ce moment on monte déjà les cloches. Les travaux ne prirent donc qu’une dizaine d’années. L’exécution ne traîna pas : tout fut mené tambour battant ; l’œuvre, aujourd’hui encore, frappe par son caractère d’ensemble et un aspect de volonté.

Qui fut l’auteur du plan ? Vasari parle d’un concours où prirent part les meilleurs architectes du temps et où fut couronné le projet d’un certain Jacques l’Allemand. Traduction : la basilique d’Assise est un ouvrage gothique. Déjà au temps de Vasari, on se figurait que « gothique » était synonyme d’« allemand » ; c’est-à-dire qu’on prenait un qualificatif, d’ailleurs tout arbitraire, pour une marque d’origine. Quant à Jacques, « allemand » ou autre, aucun architecte de ce nom n’a jamais travaillé à la basilique d’Assise : celui-là est sorti de toutes pièces de l’imagination féconde de Vasari.

L’auteur de S. Francesco d’Assise est parfaitement connu : il s’appelait Philippe de Campello, et il est mentionné comme « maître de l’œuvre », dans divers documents qui s’échelonnent de 1232 à 1253. Il y a deux ou trois ans, un critique italien, le savant Venturi, a cru devoir proposer une nouvelle attribution. Selon ses conjectures, le véritable auteur serait l’ami de saint François, le mystique Jean de Penna. Mais l’hypothèse est toute gratuite ; elle ne repose que sur un texte qui paraît mal interprété, et sur la confusion de deux personnages contemporains, portant le nom de Jean de Penna. Rien ne prouve que le second, le constructeur d’aqueducs, ait jamais été employé aux travaux de la basilique. Jusqu’à nouvel ordre, nous tiendrons Philippe de Campello pour le seul architecte[1].

  1. Études franciscaines, t. XXIII, février 1910, article du P. Egidio