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aviez déposé en nous un germe de mélodies : quoi d’étonnant que la lyre humaine ait résonné sous vos doigts ?

Je vous répéterai ce qui fut dit de l’un de vos frères, le frère Vitta de Lucques, le merveilleux chanteur qu’on ne se lassait pas d’entendre. La nuit, il faisait des duos avec le rossignol. C’était un fort mauvais sujet, un écervelé, un casse-cou, assez peu édifiant ; mais personne ne lui en voulait, dès qu’il ouvrait la bouche. Papes, cardinaux, évêques, suspendus à ses lèvres, écoutaient dans le ravissement la voix de l’inimitable artiste. On eût ouï voler une mouche. Quelqu’un troublait-il le silence, aussitôt on lui rappelait le mot de l’Ecclésiaste : Non impedias musicam ! C’est aussi ce que je vous dirai, héroïques initiateurs : « Laissez, laissez ! Ne défendez pas la musique ! »