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matin et soir les bonnes gens à ses homélies. Souvent, on le voyait à Parme sur le mur de l’archevêché, haranguant ses ouailles. Il commençait toujours par la même oraison : « Honorons, bénissons, glorifions le Père, le Fils et le Saint-Esprit », et l’auditoire reprenait les mêmes paroles en chœur. D’autres fois, tous parcouraient la ville, en psalmodiant des cantiques, avec des cierges et des feuillages. On revenait devant l’église et, après un petit sermon, chacun se séparait en chantant : Alléluia !

Tel est le milieu où naquirent et se développèrent les Ordres Mendiants. C’est ce qui explique leur rapide et prodigieuse fortune. En quelques années, toute l’Europe est parcourue, gagnée. Quand on lit dans les vieilles chroniques, chez Thomas d’Eccleston ou Jourdain de Giano, le récit de ces années héroïques, on demeure ébloui de cette marche et de ces progrès : en quelques mois, toute l’Angleterre, toute l’Allemagne conquises ! Des missions se fondent jusqu’en Pologne et en Hongrie. C’est que partout les Mendiants apportent la parole bienfaisante, l’Évangile de tendresse et de pitié, le grand Consolamentum dont l’humanité avait soif. Partout leur idéal, pour reprendre le mot d’un des leurs, fut le dard, l’« aiguillon d’amour » dont l’âme avait besoin pour vivre, l’énergique stimulant des facultés de sympathie.


IV


C’est là tout le secret de la puissance des Mendiants ; ce fut tout leur enseignement, et c’est toute la portée de leur révolution. C’est une révulsion de la sensibilité. Quel rapport cette résurrection, cette secousse du christianisme, ont-elles avec l’idéal qui sera celui de la Renais-