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Frère Claude, en rappelle toujours la destination primitive et l’origine dominicaine[1].

Voilà, dira-t-on, des malades qui se portent assez bien ! Seulement, la sève originale, l’invention est tarie. L’activité subsiste, mais elle ne crée plus guère d’œuvres individuelles. Je pourrais vous citer plus d’un artiste de cette époque, franciscain ou dominicain, le frère André ou le frère Luc[2], et surtout ce joli groupe de sculpteurs toulousains, Claude Borrey, Vincent Funel, tous ces tailleurs de bois qui ont fouillé avec tant de goût les admirables stalles et la chaire de Saint-Maximin[3]. Mais ces œuvres parfaites n’ont aucune personnalité ; elles ne se distinguent plus de la langue courante du xviie siècle.

…Et quasi cursores vitaï lampada tradunt !

C’est une nouvelle armée qui entre désormais en ligne ; des troupes fraîches viennent relever les anciennes fléchissantes. Dorénavant, c’est à la Compagnie de Jésus qu’appartient le premier rôle, et c’est elle qui, jusqu’à nos jours, à travers mille vicissitudes, ne cessera pas de tenir l’étendard de l’Église. Mais, puisque rien ne commence ni ne finit brusquement, je voudrais en terminant vous montrer en quoi les Jésuites ont retenu, adapté et perfectionné les méthodes existantes,

  1. Félibien, loc. cit., p. 1292-1293 ; J. Bayet, loc. cit., p 87.
  2. Claude François, en religion Frère Luc (1615-1685), récollet, élève de Le Brun, et maître du critique de Piles. Cf. Mariette, Abecedario, t. III, p. 224 ; de Chennevières, Recherches sur quelques peintres provinciaux de l’ancienne France, t. III, pp. 220 et 305. Son œuvre la plus importante est une Vie de saint François, en cinq scènes, dans la chapelle de l’hôpital de Sézanne (Marne).
  3. Marchese, Memorie, t. II, p. 434 et suiv. — Percin, Monumenta conventus Tholosani, Toulouse, 1690 ; Rostan, Notice sur l’église de Saint-Maximin, Brignoles, 1859 ; Monographie du couvent des Dominicains de Saint-Maximin, Draguignan, 1873.