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plumes moins autorisées, qui y trouvent un lieu commun de tout repos et un facile « effet ».

Je ne m’en plains pas, au contraire ! Il n’y aura jamais entre nos adversaires et nous trop de points de contact. Je me demande seulement si tout cela ne cache pas quelque malentendu. Nous faisons à saint François une situation privilégiée, une position hors rang et hors cadre dans l’histoire : il n’y en a plus que pour lui. C’est une faute de tact. Nous le tirons trop à nous. Sa figure prête sans doute un peu au romantisme : mais on en « remet » !

Renan, dans un article célèbre, a écrit de saint François, en passant, cette phrase : « Ce mendiant est le père de l’art italien ». Tout le livre de Thode est le développement de cette métaphore. Nous verrons ce qu’il en faut penser, et si la Renaissance peut être rattachée au mouvement franciscain, ou s’y trouve enveloppée à la manière d’une conséquence. Je ne suis nullement de cet avis. Ce sont deux choses simultanées, qui se trouvent souvent mêlées dans la réalité, qui entretiennent donc entre elles certains rapports, mais qui sont par ailleurs entièrement indépendantes, différentes profondément par leur nature et leurs principes, et qu’on n’a nul prétexte de faire dériver l’une de l’autre.

« C’est là-haut, dans la calme Assise, qu’a été célébrée vraiment la touchante et joyeuse fête de réconciliation entre deux amis qui s’étaient trop longtemps méconnus, l’homme et la nature. Un homme s’est trouvé, saint François, qui les a tous deux embrassés dans un même amour illimité ; c’est lui qui a réuni les mains de ces deux amis longtemps séparés, et qui a consacré leur nouvelle alliance pour la première fois. Il y aurait eu là un sujet digne d’être figuré par Giotto, en pendant à cette autre scène nuptiale qu’il a peinte : les Fiançailles du saint moine et de la Pauvreté. »