Page:Gillet - Histoire artistique des ordres mendiants.djvu/26

Cette page a été validée par deux contributeurs.

ou poétiques figures, à commencer par celles de leurs fondateurs, saint Dominique et saint François, figures qui font partie des plus chers souvenirs, du trésor spirituel conservé par l’humanité : j’en aurai assez dit pour vous faire entrevoir, si je sais bien y réussir, l’intérêt singulier de l’étude que nous entreprenons.

Le moment est favorable à une telle entreprise. Depuis quelques années, on assiste à un renouveau des études franciscaines. Les travaux se sont multipliés au point qu’on ne peut plus même énumérer les principaux. De leur côté, les Pères de l’Ordre de Saint-Dominique ne demeurent pas inactifs. Je ne veux pas surcharger cette leçon d’un luxe de bibliographie. Je me borne à l’essentiel. D’abord, en première ligne, le livre excellent, déjà un peu ancien, mais si utile et si précieux, du P. Vincenzo Marchese : ses Mémoires sur les architectes, sculpteurs et peintres dominicains[1]. C’est ensuite le livre classique du Dr Thode sur Saint François d’Assise et les origines de la Renaissance en Italie[2]. L’auteur y développe une vue imposante : à savoir que la Renaissance, limitée d’abord au siècle de Léon X, puis reculée à Masaccio, est en réalité un mouvement homogène, un phénomène continu qui commence au XIIIe siècle, se poursuit avec Giotto, pour s’achever deux siècles plus tard dans les œuvres de l’âge d’or : ensemble magnifique, où l’on a bien le droit de distinguer des époques, mais dont on ne

    c’est aux Carmes de Florence que Masaccio peignit en 1427 ses fresques immortelles. Et je regrette que le plan de cette étude m’oblige à laisser en dehors le pauvre carme défroqué qui reçut devant ces fresques la vocation du grand artiste, et devint l’admirable Fra Filippo Lippi.

  1. P. Vincenzo Marchese, Memorie dei più insigni Pittori, Scultori e Architetti domenicani, 4e édit. Bologne, 1878.
  2. H. Thode, Franz von Assisi und die Anfänge der Renaissance in Italien, Berlin, 1885, 2e édit., 1904. Traduction française, Paris, 1909. Cf. Hettner, Italienische Studien, Brunswig, 1879.