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entré au service d’un curé de campagne. Le curé expédiait ses heures d’un tel train et bredouillait si fort qu’il était impossible d’en distinguer un mot. L’écolier n’attrapait toujours que ce ronron. Alors, il se met à brailler à tue-tête, sur une mélopée, comme il l’avait entendu faire, dans les rues de Paris, par les crieurs d’habits et autres petits métiers, tels que marchands d’oublies et ramasseurs de vieilles chaussures.

L’autre, rassuré par la voix, était persuadé qu’elle répondait très bien. Il n’écoutait pas plus ce que disait son vicaire que le vicaire ne s’occupait de ce que disait le curé. Ce brave homme, dans ses oremus se contentait du bruit[1]… »

Voilà pour l’attention que l’on doit faire dans ses prières. Voici un trait sur la fausse honte et le respect humain.

« Un quidam était fils d’une dame et d’un croquant. Il fit une pièce de vers au roi, lequel s’enquit de sa famille. Le poète, n’osant avouer un père peu reluisant, dit que son oncle est un gentilhomme, clerc fort instruit et homme d’esprit, qui était son parent du côté maternel. À ces mots, le roi se met à rire : « Tu me rappelles, dit-il, la fable du mulet auquel on demandait : « Qui es-tu ? » et qui commence par répondre : « Une créature de Dieu ». Et comme on insistait : « Mais ton père ? » l’imbécile n’osait pas dire qu’il était le fils de l’âne, et répondit : « Je suis le neveu du cheval. »

« Et le roi, se tournant vers sa cour : « Allons, dit-il, il faut lui donner quelque chose, car son sang ne ment pas[2]. »

Des cinq cents et quelques « anecdotes » que comprend ce livre, il y en a de plaisantes, et il y en a de dramatiques, de touchantes et de comiques ; il y en a pour faire rire et d’autres pour faire pleurer. On trouve dans ce pot-pourri un peu de tous les folklores, la fable

  1. Et. de Bourbon, loc. cit., p. 145.
  2. Ibid., p. 245.