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qui n’ont jamais manqué à l’ordre dominicain, un homme qui, même en temps de peste, pensait à l’avenir. Il conseilla à son ami d’employer son argent à reconstruire le chapitre devenu trop petit. On ménagerait dans le chapitre un autel et une chapelle. La dévotion du fondateur et les besoins de la communauté seraient également satisfaits[1].

La nouvelle salle capitulaire est l’œuvre d’un des frères, Fra Jacopo Talenti, un des meilleurs élèves de la forte école d’architectes sortie de Sainte-Marie-Nouvelle, et formée au siècle précédent par Frà Ristoro et Frà Sisto[2]. La salle, presque deux fois plus large que profonde, n’a qu’une seule croisée d’ogives de la plus grande austérité, sans moulures, d’une simplicité extrême de profil. L’effet est grandiose. L’impression est celle d’un des plus vastes espaces voûtés qu’on ait réalisés sans un pilier central. La construction était achevée en 1350. Cinq ans plus tard, les peintures n’étaient pas encore commencées, puisque le donateur léguait par testament les sommes nécessaires à la décoration[3]. Il arrivait que le donateur, dans des cas de ce genre, spécifiât d’une manière précise le choix et le sujet de l’œuvre. Buonamico laissa toute latitude à son ami. Celui-ci était homme à n’en pas mal user. Il était bon théologien, et nous avons de lui un Miroir de l’âme pénitente[4] dont l’idée générale se reconnaît dans les fresques de la chapelle. Ruskin, qui dans ses délicieuses Matinées florentines a tant fait pour la gloire de ces nobles peintures, admire infiniment l’auteur pour sa grandeur d’esprit et sa profondeur d’intellect. Son admi-

  1. Cf. Wood-Brown, The Dominican Church of Santa-Maria Novella, Edimbourg, 1902, in-4o.
  2. Marchese, Memorie, etc., t. I, ch. iii et x.
  3. Milanesi, dans les notes de son édition de Vasari, t. I, p. 550.
  4. Specchio della vera penitenza, édit. Polidori, Florence, 1856. Cf. Venturi loc. cit., p. 778 et suiv.