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I


Boccace, dans le tableau de la peste qui sert de prologue au Décaméron, conte comment quelques Florentines résolurent de s’aller mettre au vert pendant l’épidémie et de passer le temps à dire des histoires.

Étant en ces termes, dit-il, notre cité vide d’habitants, il advint… qu’en la vénérable église de Sainte-Marie-la-Neuve, un mardi matin, n’y étant quasi autre personne, après avoir ouï le divin office en habit de deuil (comme la saison le requérait), s’en retournèrent sept sages jeunes dames toutes alliées l’une à l’autre, ou par amitié, ou par voisinage, ou par parenté : desquelles la plus âgée ne passait vingt-huit ans, et la plus jeune n’en avait moins de dix-huit, chacune de noble parenté, belle de forme, adornée de bonnes mœurs et de gracieuse honnêteté…

Le Décaméron n’est pas le seul chef-d’œuvre qui commémore la peste de Florence. Sans parler du tabernacle d’Orcagna, à Or S. Michele, il y en a un autre qui se trouve dans l’enceinte même du couvent de Sainte-Marie-Nouvelle : c’est la salle du chapitre qui ouvre sur le petit cloître appelé le Cloître vert, et qu’on nomme communément la chapelle des Espagnols.

Il y avait alors un bourgeois de Florence, Buonamico Guidalotti, riche, pieux et sans enfants, et qui désirait faire quelque chose pour le salut de son âme. Il n’était pas de la paroisse de Sainte-Marie-Nouvelle, mais c’est là qu’il avait son tombeau de famille : c’est là que sa place était marquée, sous un écusson à ses armes, à côté de sa première femme. Buonamico nourrissait une dévotion spéciale pour le Saint-Sacrement. Le prieur du couvent, Frà Jacopo Passavanti, était une de ces têtes