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CINQUIÈME LEÇON

LE MIROIR THÉOLOGIQUE ET LE MIROIR MORAL
LA CHAPELLE DES ESPAGNOLS ET LE CAMPO SANTO DE PISE


Les Triomphes de saint Thomas et la peinture scolastique : I. La chapelle des Espagnols. La fresque des Arts libéraux : Trivium et Quadrivium. Origine augustinienne de ce thème. L’Église militante. Évolution des idées et de l’art au xive siècle. — II. Les Anecdotes d’Etienne de Bourbon. Goût des exemples, des manuels. Transformation du symbolisme. La Bible moralisée. Ludolphe le Chartreux et le Speculum humanae salvationis. La morale et l’histoire remplacent la théologie. — III. L’idée de la mort dans la morale chrétienne. Le Jugement dernier. Les tableaux de l’Enfer dans les sermons des Mendiants. Le Campo-Santo de Pise. La fresque des Anachorètes. Le Dit des Trois morts et des Trois vifs. Le Triomphe de la Mort.


Un tableau de l’église dominicaine de Pise — placée sous le vocable de la « philosophe » sainte Catherine, — représente le Triomphe de saint Thomas d’Aquin. Le docteur angélique y trône ex cathedra dans une sphère d’or. Sa face bovine et ruminante se détache en fortes proportions au milieu du tableau. Des rayons issus du Très-Haut, source de toute lumière, réfléchis par Moïse, les Évangélistes, saint Paul suspendus sur les nuées, puis par Platon et Aristote qui apparaissent un peu plus bas, baignent le front et les lèvres du saint, qui semble ainsi le centre de la pensée du monde. Toutes ces lumières convergentes, divines et humaines, se fondent dans ses écrits épars sur ses genoux, pour se diviser ensuite et se distribuer sur l’Église massée au pied de ce Thabor. Un seul rayon se sépare de ce second faisceau et vient foudroyer un per-