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IN MEMORIAM A. L.
OBIIT DIE XV MARTIS
MCMVIII.



À vous mon premier compagnon sur la terre d’Italie, je dédie ce petit ouvrage. Vous étiez avec moi lorsque je découvris le monde de la beauté, dans ces heures de la jeunesse qui décident de la vie : je revois dans le passé, sur les routes de Toscane et de la verte Ombrie, votre ombre à côté de la mienne.

Vous souvient-il, là où vous êtes, de nos journées d’Assise ? Quelle nuit mélodieuse dans la gorge des Carceri ! Comme le petit noyer où se posait, dit-on, la cigale de saint François, balançait sa branche paisible ! Nous gravîmes avant le jour les dômes du Subasio ; bientôt l’astre, franchissant les crêtes, inonda d’un flot d’or la coupe de l’univers. Sur ces pentes pierreuses, tombent vite les heures torrides. Vous vous penchâtes pour boire à une fontaine de berger : quelle n’était pas alors la lassitude de vos traits ! Souvent j’en ai revu l’expression étrange, lorsqu’une précoce langueur vous prit, ô mon ami ! au milieu du voyage.

Que de fois j’ai pensé à vous dans cette maison des Carmes où je vous ai connu ! Votre image s’ajoute aux souvenirs de mort de ce lieu pathétique. Étudiant raffiné, précieux, épris de toutes les idées, avec un sens exquis des grâces de la vie, quel était votre charme ! Déjà pourtant nous révérions en vous le signe sacré, la vocation des