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caine de Greccio : mais c’est dans les deux cas le même besoin de parler aux yeux et de rendre l’Écriture vivante.

Cette préoccupation se manifeste encore en plus d’une façon. L’une des plus importantes, ce sont les pèlerinages aux Lieux Saints. Les croisades avaient ranimé cette dévotion des premiers siècles. À peine nés, les Mendiants s’en firent les zélateurs. Saint François est à celle de 1219. Bientôt cependant devait arriver la banqueroute. Le dernier prince croisé allait s’échouer à Tunis et s’éteindre navré, les regards tournés vers l’Orient, en murmurant les nostalgiques et mourantes syllabes : « Jérusalem ! Jérusalem ! »

À mesure que la situation s’aggrave, qu’on perd toute illusion, les Mendiants redoublent d’efforts pour sauver quelque chose du désastre. Les reliques insignes de la Sainte-Chapelle rapprochent les faits évangéliques[1]. Les voyages se multiplient. Voilà sept siècles que les Franciscains sont les gardiens de la Terre-Sainte. À ce poste d’honneur, au prix de tous les périls, ils maintiennent intactes les dernières épaves et les vestiges de l’Évangile[2]. Ils posent des jalons, mesurent des distances, établissent des itinéraires : cinq ou six nous sont parvenus de ces « Baedekers » pieux, tous des dernières années du siècle. L’un des plus précieux est l’ouvrage

    ailes descendit du plafond et leur dit de ne pas repasser par Saint-Laurent, mais de prendre la rue de la Porte Romaine. »

    Cette fête plut au point qu’on décida de la rendre annuelle. Muratori, Rer. ital. script., t. XII, p. 1017. Cf. d’Ancona, Origini, t. I, p. 97 : Émile Mâle, Les rois mages et le drame liturgique, Gazette des Beaux-Arts, octobre 1910.

  1. Il en est question dans un petit ouvrage faussement attribué à saint Anselme, le Dialogue de la Sainte Vierge et d’Anselme sur la Passion de Jésus-Christ (Migne, Patrol. lat., t. CLIX, p. 271-290), composition curieuse et trop peu étudiée, qui est une des « sources » principales des Méditations. L’auteur est inconnu. Cf. Émile Roy, Le Mystère de la Passion en France du XIVe siècle au XVIe siècle, Dijon, 1908, t. I, p. 93.
  2. Cf. Golubovitch, Bibliotheca bio-bibliographica della Terra-Santa e dell’Oriente francescano. t. I, Quaracchi, 1906.