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Cet ordre n’est pas seulement le plus logique, il est en outre conforme à la réalité. Giotto s’était fait la main en peignant à Assise la vie de saint François, avant de peindre à Padoue les fresques de l’Arena qui racontent la vie de la Vierge et de Jésus.

Notre-Dame de l’Arena est une petite chapelle aux portes de la ville, construite dans les ruines d’une arène antique. Au temps de saint Antoine, on y donnait encore des représentations. Un fameux usurier, Reginaldo Scrovegni, que Dante plonge dans son Enfer, s’était bâti là un palais. Le fils de ce richard éprouva le besoin de blanchir son argent ; il édifia la chapelle et la fît décorer de fresques par Giotto. On jouait au Colisée, pendant la semaine sainte, des scènes de la Passion : peut-être eut-on l’idée de les imiter en peinture sur les murailles de l’Arena.

Ces fresques immortelles sont le chef-d’œuvre de l’auteur, et sans doute l’ensemble le plus exquis du moyen âge. On ne se lasse pas du charme de cet écrin d’images. La Vie de Jésus de l’Arena a été l’Evangile artistique du XIVe siècle. Pendant cent ans et plus, les peintres ne sortiront pas de ce cercle enchanté. « On n’ira pas plus loin ! » s’écrie tristement Ghiberti. Giotto sembla, pour un siècle, avoir posé ici la borne du génie humain. De Naples à Florence, plus loin encore, en Avignon, dans toute peinture giottesque racontant l’histoire du Sauveur, on trouve le reflet de ces fresques classiques. Jamais œuvre ne fut si longtemps populaire. Je voudrais essayer de vous en dire les raisons, et de définir l’idéal qui se formule là pour la première fois.

Á la Vie de Jésus, je joindrai ce qui représente pour le XIVe siècle le reste de l’histoire, c’est-à-dire la Vie des Saints. J’en parlerai d’après deux livres admirables, deux des grands livres des Mendiants, que les peintres ne