Page:Gillet - Histoire artistique des ordres mendiants.djvu/100

Cette page a été validée par deux contributeurs.

le campanile de Sainte-Marie de la Fleur, et meurt en 1336, âgé de soixante-dix ans.

Voilà honnêtement tout ce qu’on sait de lui. Pas un document authentique ne permet de le mettre à aucun moment en rapport, d’une façon indubitable, avec une partie quelconque de la basilique d’Assise. Quelle plaisanterie ! Les comptes de la basilique nous ont transmis les noms des moindres artisans qui y ont mis la main ; nous savons ce qu’ils y ont gagné, combien on a payé pour changer les plombs d’un vitrail, pour refaire un chéneau ou réparer une serrure. Et jamais nous ne saurons de science positive qui a peint les fresques admirables dont la gloire illumine encore l’Italie. Pas une ligne de ces registres ne mentionne, fut-ce de la manière la plus sèche, Cimabue ni Giotto. Qu’on nous parle après cela de l’histoire par les archives !

Hélas ! Il est vrai que l’autre n’est guère plus croyable. Tout le passé conspire à nous cacher la vérité. Comment s’est formé Giotto ? D’où sort-il ? Essayons pourtant d’y voir clair.

Tout le monde connaît la jeunesse de Giotto : c’est un des plus jolis romans d’enfants célèbres. Le voici, tel que le rapporte Ghiberti dans ses Commentaires.

« L’art de la peinture, écrit-il, commença de revivre en Étrurie, dans un hameau proche de Florence, qui se nomme Vespignano. Là naquit un enfant d’un merveilleux génie, qui savait dessiner une brebis d’après nature. Un jour, vint à passer par là le peintre Cimabue, qui allait à Bologne. Il vit l’enfant assis par terre, qui dessinait une brebis sur une ardoise. Et il fut rempli d’étonnement à la vue d’un garçon qui, dans un âge si tendre, faisait déjà si bien. Il connut qu’il tenait son art de la nature [Vous voyez, Ghiberti y tient] et lui demanda son nom. L’enfant répondit : « Je m’appelle Giotto, mon père se nomme Bondone et demeure dans la maison voisine ». Cimabue, — c’était un