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assassins, mais la patience de Salomon les enhardit ; et dix jours après on vit éclater dans le cirque une sédition furieuse, qui désola ensuite l’Afrique pendant plus de dix années. Le pillage de la ville et le massacre de ses habitans, sans distinction, ne furent suspendus que par la nuit, le sommeil et l’ivresse. Le gouverneur se sauva en Sicile avec sept personnes, parmi lesquelles on comptait l’historien Procope. Les deux tiers de l’armée eurent part à cette rebellion, et huit mille insurgens, assemblés dans les champs de Bulla, élurent pour leur chef un simple soldat nommé Stoza, qui possédait à un degré supérieur les vertus d’un rebelle. Sous le masque de la liberté, son éloquence guidait ou du moins entraînait les passions de ses égaux. Il se mit au niveau de Bélisaire et du neveu de Justinien, en osant se mesurer avec eux sur le champ de bataille. Il fut défait ; mais ces généraux avouèrent que Stoza était digne d’une meilleure cause et d’un commandement plus légitime. Vaincu dans les combats, il employa avec dextérité l’art de la négociation ; il débaucha une armée romaine, et fit assassiner, dans une église de Numidie, les chefs qui avaient compté sur ses infidèles promesses. Lorsqu’il eut épuisé toutes les ressources de la force ou de la perfidie, il gagna, avec quelques Vandales désespérés, les déserts de la Mauritanie ; il obtint la fille d’un prince barbare ; et, en faisant répandre le bruit de sa mort, échappa à la poursuite de ses ennemis. L’autorité personnelle de Bélisaire, la dignité, le courage et la douceur de Germanus, neveu de l’empereur, la