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de la guerre l’un et l’autre, s’occupèrent du repos de leur vieillesse. Dans une conférence tenue sur la frontière, les deux partis firent valoir, sans espérer aucune confiance, la grandeur, la justice et les intentions pacifiques de leurs souverains respectifs ; mais la nécessité et l’intérêt dictèrent un traité qui stipula une paix de cinquante ans ; il fut écrit en langue grecque et en langue persane, et douze interprètes attestèrent son exactitude. Un des articles fixait jusqu’où devait s’étendre la liberté du commerce et celle de la religion : les alliés de l’empereur et ceux du grand Roi furent également compris dans les avantages qu’il accordait et les devoirs qui en étaient la suite. On prit les précautions les plus scrupuleuses afin de prévenir et de terminer les disputes qui pouvaient s’élever sur les confins des deux empires. Après vingt ans d’une guerre désastreuse, quoique poussée avec peu de vigueur, les limites demeurèrent les mêmes, et on persuada à Chosroès de renoncer à ses dangereuses prétentions sur la souveraineté de Colchos et les états qui en dépendaient. Riche des trésors accumulés de l’Orient, il arracha cependant aux Romains une somme annuelle de trente mille pièces d’or ; et la petitesse de la somme ne permit pas d’y voir autre chose qu’un tribut sous la forme la plus honteuse. Dans un débat antérieur, un des ministres de Justinien, rappelant le char de Sésostris et la roue de la Fortune, observa que la vanité et l’ambition du roi barbare avaient été exaltées outre mesure par la réduction d’Antioche et de