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quelque satisfaction par la condamnation et la mort des moindres coupables[1].

Négociations et traités entre Justinien et Chosroès. A. D. 540-561.

Durant la paix, le roi de Perse cherchait toujours des prétextes de recommencer la guerre ; mais dès qu’il avait pris les armes, il montrait le désir de signer un traité honorable et sûr pour lui. Les deux monarques entretenaient une négociation trompeuse au milieu des plus violentes hostilités ; et telle était la supériorité de Chosroès, que tandis qu’il traitait les ministres romains avec insolence et avec mépris, il obtenait les honneurs les plus inouis pour ses ambassadeurs à la cour impériale. Le successeur de Cyrus s’attribuait la majesté du soleil d’Orient ; et suivant la même métaphore, il permettait à son jeune frère Justinien de régner sur l’Occident, avec l’éclat pâle et réfléchi de la lune. La pompe et l’éloquence d’Isdigune, un des chambellans du roi, répondaient à ce style gigantesque. Sa femme et ses filles l’accompagnaient avec une nombreuse suite d’eunuques et de chameaux. Deux satrapes portant des diadèmes d’or faisaient partie de son cortége ; cinq cents cavaliers, les plus valeureux de la Perse, composaient sa garde ; et le Romain qui commandait à Dara eut la sagesse de ne pas admettre dans sa place plus de

  1. Agathias (l. III, p. 81-89 ; l. IV, p. 108-119) fait dix-huit ou vingt pages de fausse rhétorique sur les détails de ce jugement. Telle est son ignorance ou sa légèreté, qu’il néglige la raison la plus forte contre le roi des Laziques, son ancienne révolte.