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la mine, ils élevèrent un nouveau mur soutenu par une forte charpente, et les trois mille hommes nouvellement arrivés se préparèrent à soutenir un second siége. L’attaque et la défense furent conduites avec habileté et avec obstination ; et chaque parti tira d’utiles leçons du souvenir de ses fautes passées. On inventa un bélier d’une construction légère et de beaucoup d’effet ; quarante soldats le transportaient et le faisaient agir ; et à mesure que les coups multipliés de cette machine ébranlaient les pierres du rempart, les assiégeans les enlevaient avec de longs crochets de fer. Les assiégés faisaient tomber une grêle de dards sur la tête des assaillans ; mais ce qui nuisit surtout à ceux-ci, fut une composition de soufre et de bitume, que le peuple de la Colchide pouvait nommer avec quelque raison huile de Médée. Des six mille Romains qui montèrent à l’escalade, le premier fut Bessas, leur général, brave vétéran, âgé de soixante-dix ans. Le courage de ce chef, sa chute et le péril imminent dans lequel il se trouvait, les animèrent d’une ardeur irrésistible : et la supériorité de leur nombre accabla la garnison persane, sans vaincre son intrépidité. Le sort de ces braves gens mérite quelques détails de plus. Sept cents avaient été tués durant le siége, et il n’en restait que deux mille trois cents pour défendre la brèche. Mille soixante-dix périrent par le fer et par le feu dans le dernier assaut ; des sept cent trente qu’on fit prisonniers, on n’en trouva que dix-huit qui ne portassent pas les marques d’honorables blessures.