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la force de l’empire diminua, les Romains, en station sur le Phase, furent rappelés ou chassés. La tribu des Laziques[1], dont la postérité parle un dialecte étranger et habite la côte maritime de Trébisonde, réduisit sous sa domination l’ancien royaume de Colchos, et lui donna son nom. Un voisin puissant, qui avait acquis par les armes et les traités la souveraineté de l’Ibérie, ne tarda pas à les subjuguer. Le roi de la Lazique devint tributaire ; il reçut son sceptre des mains du monarque de Perse ; et les successeurs de Constantin acquiescèrent à cette prétention injurieuse qu’on faisait valoir comme un droit sur lequel on alléguait une prescription immémoriale. [Conversion des Laziques. A. D. 522.]Au commencement du sixième siècle, ils reprirent de l’influence par l’introduction du christianisme, que les Mingréliens professent encore aujourd’hui avec zèle, sans comprendre les dogmes ou sans observer les préceptes de leur religion. Après

    forteresse sur le Phase. Pytius et Sébastopolis furent évacuées, d’après un bruit qui courut de l’arrivée des Persans (Goth., l. IV, c. 4) ; mais Justinien renvoya ensuite des troupes dans la dernière de ces places. (De ædific., l. IV, c. 7).

  1. Au temps de Pline, d’Arrien et de Ptolémée, les Laziques formaient une tribu particulière, et ils étaient limitrophes de la Colchide au nord. (Cellarius, Géog. antiq., t. II, p. 222.) Sous le règne de Justinien, ils se répandirent, ou du moins ils dominèrent sur tout le pays. Ils se trouvent aujourd’hui dispersés le long de la côte, vers Trébisonde, et ils forment une peuplade grossière qui s’adonne à la pêche, et qui parle un idiome particulier. (Chardin, p. 149 ; Peyssonnel, p. 64.)