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qui se trouvaient au pouvoir des Persans, procurèrent à Héraclius une gloire plus pure. Du palais de Dastagerd, il continua sa marche et arriva à peu de milles de Modain ou de Ctésiphon ; mais il fut arrêté sur les bords de l’Arba par la difficulté du passage, par la rigueur de la saison, et peut-être par ce qu’il apprit de la force de cette capitale. Le nom moderne de la ville de Sherzour marque sa retraite ; il passa heureusement le mont Zara avant les neiges qui tombèrent durant trente-quatre jours, et les citoyens de Gandzaca ou Tauris furent contraints de recevoir et de nourrir ses soldats et leurs chevaux[1].

Fuite de Chosroès. A. D. 627, 29 déc.

Lorsque Chosroès se vit réduit à défendre ses états héréditaires, l’amour de la gloire ou même le sentiment de la honte, aurait dû le déterminer à chercher son rival sur un champ de bataille ; il aurait dû se trouver à la journée de Ninive, y conduire les Persans à la victoire, ou tomber avec honneur sous la lance d’Héraclius. Le successeur de Cyrus avait mieux aimé attendre de loin l’événement. Il avait assemblé les débris de son armée, et s’était retiré tranquillement devant l’empereur romain, jusqu’au moment où il aperçut en soupirant ce palais de Dastagerd, autrefois si chéri. Ses amis et ses enne-

  1. Les faits, les lieux et les dates qu’indique Théophane (p. 265-271) dans le récit de cette dernière expédition d’Héraclius, sont si exacts et si vrais, qu’il doit avoir suivi les lettres originales de l’empereur, dont la Chronique de Paschal (p. 398-402) nous a conservé un échantillon curieux.