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dant dix jours consécutifs, les Avares, qui avaient fait des progrès dans l’art d’attaquer les places, donnèrent chaque jour l’assaut aux murs de la capitale. À couvert sous l’impénétrable tortue, ils s’avançaient pour saper ou battre la muraille ; leurs machines de guerre vomissaient une grêle continuelle de pierres et de dards, et douze grandes tours de bois élevaient les assiégeans à la hauteur des remparts voisins. Mais le courage d’Héraclius, qui avait détaché douze mille cuirassiers au secours de la capitale, animait le sénat et le peuple. Les assiégés se servirent du feu et des forces de la mécanique avec beaucoup d’habileté et de succès : des galères à deux et trois rangs de rames commandaient le Bosphore, et rendirent les Persans inutiles spectateurs de la défaite de leurs alliés. Les Avares furent repoussés ; une flotte de navires esclavons fut détruite dans le port : les vassaux du chagan menaçaient de l’abandonner ; ses munitions étaient épuisées : après avoir brûlé ses machines, il donna le signal de la retraite et s’éloigna lentement et toujours formidable. La dévotion des Romains attribua cette délivrance à la vierge Marie ; mais la mère du Christ eût sans doute condamné l’assassinat des envoyés persans, qu’ils égorgèrent contre toutes les

    avec beaucoup de goût ; plus elle sera menaçante, moins elle effraiera : ce ne sera qu’une fanfaronnade dont Darius n’eût fait que rire. » (Émile, t. III, p. 146.) Mais je doute que le sénat et le peuple de Constantinople aient ri de ce message du chagan.