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égale indifférence, les intérêts de Rome ou ceux de la Perse. Héraclius, avec les connaissances et la patience d’un centurion, donnait lui-même des leçons de tactique, et exerçait assidûment les soldats au maniement des armes et aux manœuvres des combats. La cavalerie et l’infanterie, armées pesamment ou à la légère, étaient divisées en deux parties : les trompettes placées au centre donnaient le signal de la marche, de la charge, de la retraite et de la poursuite, de la ligne droite ou de l’ordre oblique, de la formation de la phalange sur l’ordre mince ou sur l’ordre profond, et de tous les mouvemens par lesquels elles étaient instruites à représenter une véritable guerre. Héraclius s’assujettissait à toutes les fatigues qu’il imposait à ses troupes ; l’inflexible règle de la discipline déterminait le temps du travail, celui des repas et celui du sommeil, et sans mépriser leur ennemi, elles avaient appris à se reposer entièrement sur la bravoure et sur la sagesse de leur chef. Les Persans environnèrent bientôt la Cilicie ; mais leur cavalerie balança à s’engager dans les défilés du mont Taurus. Héraclius, à force d’évolutions, vint à bout de les entourer ; et tandis qu’il semblait leur présenter le front de son armée en ordre de bataille, il gagna peu à peu leurs derrières. Un mouvement simulé, qui paraissait menacer l’Arménie, les amena malgré eux à une action générale. Le désordre apparent de ses troupes excita leur confiance ; mais lorsqu’ils s’avancèrent pour combattre, ils trouvèrent tous les désavantages que pouvaient leur