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thargie et celles de son réveil. Au point de distance où nous sommes, on peut conjecturer seulement qu’il possédait plus de courage personnel que de résolution dans les affaires ; qu’il fut retenu par les charmes et peut-être par les artifices de sa nièce Martina, avec laquelle, après la mort d’Eudoxie, il avait contracté un mariage incestueux[1] ; et qu’il se livra à de lâches conseillers, qui lui répétaient comme une loi fondamentale que l’empereur ne devait jamais exposer ses jours à la guerre[2]. L’insolence de Chosroès l’éveilla peut-être enfin de sa léthargie ; mais lorsque Héraclius se montra en héros, les Romains n’avaient plus d’espoir que dans les vicissitudes de la fortune, qui pouvait menacer l’orgueilleuse prospérité du roi de Perse, et devenir favorable aux Romains, arrivés au dernier degré de l’humiliation[3]. Il chercha d’abord à pourvoir aux

  1. Nicéphore (p. 10, 11) qui flétrit ce mariage des noms de αθεσμον, et de αθεμιτον, se plaît à raconter que les deux fils issus de ce mariage incestueux furent tous deux marqués du sceau de la colère divine ; l’ainé, par l’immobilité de son cou, et le second, par la privation de l’ouïe.
  2. George de Pisidie (Acroas. I, 112-125, p. 5), qui expose les opinions, dit que ses pusillanimes conseillers n’avaient pas de mauvaises intentions. Aurait-il donc excusé cet avis fier et dédaigneux de Crispus ? Επιθωπταζων ο‌υκ εξον βασιλει εφασκε καταλιμπανειν βασιλεια, και τοις πορρω επιχωριαζειν δυναμεσιν.
  3. Ει τας επ’ ακρον ηρμενας ευεξιας
    Εσφαλμενας λεγο‌υσιν ο‌υκ απεικοτως
    Κεισθω το λοιπον εν κακοις τα Περσιδος
    Αντιστροφως δε
    , etc.

        Georg. Pisid., Acroas. I, 51, etc., page 4.

    Les Orientaux se plaisent également à rappeler cette étrange