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lieutenans, et de marquer, au milieu de tant de gloire et de magnificence, le degré de son mérite personnel. Il jouissait avec ostentation des fruits de la victoire, et abandonnait souvent les travaux de la guerre pour se livrer à la mollesse de son palais ; mais des idées superstitieuses ou le ressentiment l’empêchèrent, durant vingt-quatre ans, d’approcher des portes de Ctésiphon ; et Artemita ou Dastagerd, où il se plaisait à résider, était située au-delà du Tigre, environ soixante milles au nord de la capitale[1]. Les pâturages des environs étaient couverts de troupeaux ; des faisans, des paons, des autruches, des chevreuils et des sangliers remplissaient le paradis ou parc de son palais ; et on y lâchait des lions et des tigres lorsqu’il voulait goûter les plaisirs d’une chasse plus hasardeuse. On entretenait neuf cent soixante éléphans pour le service ou la pompe fastueuse du grand roi. Douze mille grands chameaux et huit mille plus petits[2] portaient à l’armée ses tentes et son bagage ; on trouvait dans les écuries du prince six mille mulets ou chevaux, parmi lesquels se distinguaient les noms

  1. D’Anville, Mém. de l’Acad. des inscript., t. XXXII, p. 568-571.
  2. L’une de ces races a deux bosses, et l’autre n’en a qu’une. La première est proprement le chameau ; la seconde est le dromadaire. Le chameau est plus grand, et vient du Turkestan ou de la Bactriane ; on ne trouve le dromadaire qu’en Arabie et en Afrique. (Buffon, Hist. nat., t. XI, p. 211, etc. ; Aristote, Hist. animal., t. I, l. II, c. 1 ; t. II, p. 185.)