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teur, qui se disait le fils de Maurice[1] et l’héritier légitime de l’empire, suivait le camp de Chosroès, qui offrait ainsi aux provinces un prétexte de soumission ou de révolte.

Sa conquête de la Syrie. A. D. 611.

Les premières lettres qu’Héraclius reçut de l’Orient[2] lui apprirent la perte d’Antioche ; mais cette vieille métropole, si souvent renversée par les tremblemens de terre ou pillée par l’ennemi, offrit aux Persans peu de trésors à piller et de sang à répandre. Le sac de Césarée, capitale de la Cappadoce, leur fut aussi facile et plus avantageux ; à mesure qu’ils s’avancèrent au-delà des remparts de la frontière, limites que jusque alors n’avait point passées la guerre, ils trouvèrent moins de résistance et le butin fut plus considérable. Une ville royale a de tout temps embelli l’agréable vallée de Damas ; son obscure félicité a jusqu’ici échappé à l’historien de

  1. Les historiens de Perse ont eux-mêmes été trompés sur ce point ; mais Théophane (p. 244) reproche à Chosroès cette supercherie et ce mensonge ; et Eutychius croit (Ann., t. II, p. 211) que le fils de Maurice, qui échappa aux assassins, se fit moine sur le mont Sinaï, où il mourut.
  2. Eutychius place toutes les pertes de l’empire sous le règne de Phocas, erreur qui sauve la gloire d’Héraclius. Il fait venir ce général, non de Carthage, mais de Salonique, avec une flotte chargée de végétaux pour Constantinople. (Annal., t. II, p. 223, 224) Les autres chrétiens de l’Orient, Barhebræus (ap. Asseman., Bibl. orient., t. III, p. 412, 413), Elmacin (Hist. Saracen., p. 13-16), Abulpharage (Dynast., p. 98, 99), sont de meilleure foi et plus exacts. Pagi indique les diverses années de la guerre de Perse.