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dans les flammes. On traita ensuite de la même manière les statues qu’avait multipliées la vanité de l’usurpateur et le drapeau séditieux des Verts. Le clergé, le sénat et le peuple, engagèrent Héraclius à monter sur le trône, qu’il venait de purifier des souillures du crime et de l’ignominie. Après avoir hésité aussi long-temps que l’exigeait la décence, il se rendit à leurs prières. Son couronnement fut suivi de celui de sa femme Eudoxie ; et leur postérité régna sur l’empire d’Orient jusqu’à la quatrième génération. [Règne d’Héraclius. A. D. 610, 5 octobre. A. D. 642, 11 févr.]La navigation d’Héraclius avait été très-heureuse, comme on vient de le voir ; la marche de Nicétas fut pénible, et quand il arriva, la révolution se trouvait consommée ; mais il se soumit sans murmure à la fortune de son ami : et pour le récompenser de ses louables intentions, on lui accorda une statue équestre et la fille de l’empereur. Il était plus difficile de compter sur la fidélité de Crispus, auquel on donna le commandement de l’armée de Cappadoce. Son arrogance provoqua bientôt et parut excuser l’ingratitude de son nouveau souverain. Le gendre de Phocas fut condamné, en présence du sénat, à embrasser la vie monastique ; et l’arrêt fut justifié par cette remarque judicieuse d’Héraclius, que l’homme qui avait trahi son père, ne pouvait être fidèle à son ami[1].

  1. On trouve des détails sur la tyrannie de Phocas et l’avénement d’Héraclius au trône, dans la Chronique de Paschal (p. 380-383), dans Théophane (p. 242-250), dans